Le thème principal de ce second Fasocafé était “Amplification de la psychose sociale du paludisme et de la dengue par la désinformation au BF”. Deux sous thèmes ont été développés : l’un par Mr Drabo Harouna, journaliste Fact-checker sur : l’Analyse de la désinformation liée au Palu et à la dengue et les risques associés. Et l’autre par le Dr Herman Sorgho, chercheur en vaccinologie sur : que savoir sur la dengue et le prochain déploiement du vaccin RTS-S contre le palu au BF? Le Dr Ousmane Paré a assuré la modération.
L’analyse de la désinformation liée au Palu et à la dengue et les risques associés
Des propos du communicateur Mr Drabo Harouna, journaliste Fact-checker, l’on retient que le palu est à l’origine de près de 4000 morts/an au BF sur 11.000 consultations médicales. Sur ces chiffres, près de 2 925 enfants de moins de 05 ans sont les plus touchés. Le paludisme crée donc une angoisse totale au BF. A ces chiffres, s’est ajoutée en 2023 une recrudescence de la dengue (Du 1er janvier au 15 octobre 2023, sur 50.478 cas suspects de dengue notifiés, il y a eu 25.502 cas probables et 214 décès) accompagnée d’une vague déferlante de fausses informations. L’origine de ces fausses informations remonte en 2019 avec le lâcher de moustiques génétiquement modifiés (plus précisément, 6400) dans la zone de Bobo-Dioulasso au village de BAMA dans le cadre du projet Target Malaria. Ce projet vise à prévenir le paludisme par la réduction des moustiques vecteurs du paludisme en Afrique subsaharienne. En réalité, cette expérience décriée par les populations n’a rien avoir avec un complot pour tuer les citoyens burkinabè. Les populations n’ayant pas les bonnes informations, vont se référer aux mauvaises sources et autres recours qui suscitent de la défiance à l’endroit de cette lutte contre le paludisme au BF.
Que savoir sur la dengue et le prochain déploiement du vaccin RTS-S contre le palu au BF?
Le Dr Herman Sorgho, chercheur en vaccinologie a entamé sa présentation en relatant l’historique du vaccin qui remonte dans les années 1964 où un anglais avait initié les recherches. Les tentatives d’amélioration du vaccin ont continué jusqu’en 1984. Ce n’est finalement qu’en 2006 que les tests du vaccin RTS-S ont réussi. Les recherches sur les vaccins sont extrêmement coûteuses. Les Etats ne peuvent donc pas investir autant d’argent pour un vaccin. C’est la raison pour laquelle Bill Gates a décidé d’investir 300 millions de dollars pour finaliser la phase 03 du vaccin, ce qui a considérablement réduit le coût du vaccin sur le marché. Normalement, une dose de vaccin coûte 10 dollars, mais en raison de la subvention de Bill Gates, chaque Etat débourse pour une dose de vaccin 0,6 dollars. Ainsi, avec RTS-S, on a pu éviter plus de 240.000 de palu dans l’année. 800.000 enfants ont reçu le vaccin Test et après observations pendant 03 ans, aucun d’entre eux n’a manifesté d’effets secondaires néfastes. À partir de janvier 2024, tous les enfants recevront le vaccin RTS-S qui est un soulagement pour tous, car ainsi, nous pourrons réduire la prévalence du paludisme dans notre pays et nous aligner à l’objectif 2030 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est de réduire l’incidence du paludisme de 90%.
A la différence du paludisme, l’agent causal de la dengue est un virus. Toutes ces deux maladies sont transmises par un moustique. Le paludisme par l’anophèle femelle qui pique la nuit, et la dengue par l’Aedes aegypti qui pique dans la journée. Elle n’existait traditionnellement qu’en Asie du Sud-Ouest et en Amérique Latine. Le 1er cas de dengue en Afrique a été révélé en 1927 à Cape Town au Nigéria, puis en 1985 à Bobo-Dioulasso. Ce moustique vecteur de la maladie est arrivé au BF par les personnes qui sont allés chercher des pneus ‘’France au revoir”. Ces pneus stockent les eaux de pluies usées et attirent les moustiques à l’intérieur. Ces moustiques cachés sous les pneus ont été ainsi transportés jusqu’au BF.
80% des cas de dengue sont asymptomatiques. Des 04 premiers jours au 7ème jour, vous ne manifestez rien. Après le 7ème jour, la maladie commence: 25¨% des personnes infestées font des céphalées, malaises, fatigue… C’est la dengue simple. Dans 04 à 05% des cas, l’affaire devient plus complexe par des hémorragies diffuses, c’est la dengue sévère. On ne peut rien faire, car même si l’on procède à une transfusion sanguine, le sang transfusé ressort. Tout ce qu’on peut faire, c’est l’injection de sérum et arriver à traiter les symptômes de la maladie. Il ne faut surtout pas prendre des antibiotiques, car l’organisme va mal réagir puis entraîner la mort. Les 48 premières heures sont très critiques. Si vous arrivez à passer ces heures, vous êtes hors de danger. C’est pourquoi, lorsque vous observez les symptômes de la maladie, il faut aller se faire consulter et ne pas faire d’automédication. Un vaccin contre la dengue a été autorisé en 2015 et développé par un pasteur. Mais, ce vaccin n’est efficace que contre les types sévères de dengue. Il n’est pas conseillé si la personne qui la reçoit n’a jamais fait la dengue, car elle aura tendance à faire la dengue plus tard. Donc il y a toute une problématique aujourd’hui autour de la dengue.
En donnant les précisions sur le lâcher de moustiques en 2019, le Dr Sorgho a expliqué que l’idée de cette opération était de modifier et stopper la multiplication des moustiques vecteurs de la dengue et du paludisme. En effet, les semences des moustiques mâles ont été transformées pour les rendre improductives lorsqu’ils iront vers les femelles.